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LA CITÉ DE CARCASSONNE

Sur ce point de la défense — l’un des plus attaquables, à cause du plateau qui s’étend de plain-pied devant la Porte Narbonnaise — les courtines intérieures devaient être munies de ces « hourds doubles » dont il est fait parfois mention dans les chroniqueurs du xiiie siècle[1].

La figure 11 (p. 69) explique, dans le cas actuel, la disposition de ces doubles hourds. Ainsi que nous venons de le dire, les merlons ayant leur parement intérieur en fruit sur le chemin de ronde A, leur base est traversée au niveau de ce chemin de ronde par des trous de hourds de 0 m. 30 de côté, régulièrement espacés. Sur le parement du chemin de ronde, du côté de la ville, est une retraite continue B. Les hourds doubles étaient donc ainsi disposés : de cinq pieds en cinq pieds passaient, par les trous des hourds, de fortes solives C, sur l’extrémité desquelles, à l’extérieur, s’élevait le poteau incliné D, avec des contre-poteaux E, formant la rainure pour le passage des madriers de garde. Des moises doubles J pinçaient ce poteau D, reposaient sur la longrine F, mordaient les trois poteaux G, H, I, celui G

  1. À Toulouse, assiégé par Simon de Montfort, les habitants augmentent sans cesse les défenses de la ville :

    E parec ben a lobra e als autres mestriers
    Que de dins et defora ac aitans del obriers
    Que garniron la vila els portals els terriers,
    Els murs e las bertrescas els cadafalcs dobliers
    Els fossatz e las lissas els pons els escaliers
    E lains en Toloza ac aitans carpentiers. »

    Ces cadafalcs dobliers sont des hourds doubles.

    Voyez Poëme de la Croisade contre les Albigeois, Collection des documents inédits de l’Histoire de France.