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Les Neapolitaiines, Comédie. 3o3

jardin le plus propre pour eux qu’il est possible. Je m’en suis deffait doucement, faignant d’avoir affaire , et suis seur que je leur ay faict plaisir, au moins à Angélique, combien qu’elle n’en face semblant , et à moy encores davantage, pour ce que l'occasion cependant s’offre à moy de me faire voir la royne de mon cœur , madamoiselle Virginie , qui est demeurée seule au logis avec une jeune servante. Je m’y en iray comme estant envoyé par Angelique, et meneray quelques uns de mes compagnons , qui demeureront à la porte , à toutes adventures, pour y faire le guet, et m’asseurer des indiscrétions de Dieghos , qui pourroit bien retourner leans , cuidant qu’Angélique y fust , et seront advertis de luy donner quelque effroy à l’improviste et luy faire quelque affront, afin qu’il rebrousse chemin et ne m’empesche point. Quant à la chambrière, luy garnissant la main, je luy donneray quelque commission icy près seulement pour aller et venir pour les affaires d’Angelique, et mes compagnons, au retour, auront le soing de l’entretenir de parolles, la muguetter et l’amuser à la porte, afin que j’aye plus de liberté de parler à ma toute belle Virginie. J’ay tousjours ouy dire que qui a le tems à propos et le laisse perdre, tard ou jamais le recouvre :l’occasion est chauve par derrière. De moy, je suis tout résolu de faire, si je puis , un beau coup de ma main , vueille ou non, à mes périls et fortunes. Advienne de moy ce que le destin en a résolu ! j’en suis là determiné. Aussi bien m’est-il impossible de vivre si je ne donne allégeance à ceste flamme vehemente , à ce Montgibel qui me consomme si fort, que tout en un instant je sens