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François d’Amboise.


la, il seroit si fade qu’il ne sentiroit ny sel ny sauge. Le bon a esté quand il s’est mis à danser la pavane avec la cappe retroussée sur l’espaule et la main sur la hanche. Vous eussiez dit qu’il menassoit les estoilles et quelquefois qu’il vouloit devorer sa demoiselle de son regard. Quand c’est venu à la gaillarde, vous pouvez dire qu’il ne s’espargnoit point : il prenoit beaucoup de peine, et si ne faisoit rien qui vaille. Le bal est un loyal mestier : chacun y fait du mieux qu’il peut ; si prend-il autant de plaisir à donner dupassetemps à la compaignie que la compaignie fait d’en recevoir. Si je n’eusse eu affaire ailleurs, je n’avois garde d’en partir : j’avois ma part de l’esbatement ; mais il me faut aller visiter quelques unes de mes pratiques pour les entretenir. On ne doit jamais arrester son navire à une seule ancre ; une bonne souris a tousjours plus d’un trou à se retirer ; il n’est pas bon archer qui n’a plus d’une corde à son arc. Je retrouveray mon Diego assez à temps, et suis seur qu’il ne se fasche point là où il est.

SCÈNE XIII.
CAMILLE seul.

J’ay bien joué mon personnage , j’ay fait d’une pierre deux coups : par un mesmc moyen, j’ay donné un bon conseil au sieur Augustin, et à moy la commodité de voir à mon aise ma nouvelle maistresse, et de luy decouvrir ce que j’ay sur le cœur. J’ay laissé madame Angelique et le seigneur Augustin avec Loys, son serviteur, et la chambrière Beta, en un