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criquet

mur, tourna, et levant la tête vers la façade de côté, que trouait une seule lucarne en pointe :

— Michel ! appela-t-elle à demi-voix.

Un garçon de quinze à seize ans apparut, la tête hérissée de cheveux noirs, les yeux brillants, la lèvre supérieure mâchurée de poils et relevée sur de larges dents blanches dont l’une, en bas, était un peu cassée. Il était en bras de chemise et nouait une régate rouge autour de son col de flanelle.

— Que veux-tu, Criquet ? demanda-t-il. Comment ? Déjà en costume de voyou ?

Elle mit les deux mains dans les poches de sa culotte.

— Comme tu vois, fit-elle satisfaite.

Puis, d’un ton suppliant :

— Je t’attends : viens vite tout revoir avec moi !

Michel haussa les épaules.

— J’ai bien le temps… Sois tranquille, ça n’a pas bougé depuis l’an dernier… Je te rejoindrai tout à l’heure.

— Méfie-toi ! Si tu restes trop longtemps, on te fera travailler à l’installation : porter la malle, huiler la serrure, chercher la clef perdue… Moi je file !

Et, abandonnant son cousin, Camille s’élança vers la dune, ferma résolument les yeux, et se mit à grimper, lèvres serrées, tête basse, poings clos ; des branches d’ajonc piquaient et rayaient ses jambes nues, ses cheveux lui frappaient les épaules, et son