cœur battait contre ses côtes, joyeux, sonore, impatient.
Un dernier bond : la voici haletante, tout en haut, sur la crête. Elle va ouvrir les yeux, elle va voir… Enfin !
— Non, pas encore, déclare-t-elle à demi-voix. Il faut savoir gagner son plaisir !
Et comme ses pieds râclent l’herbe, nerveux, indociles, elles les saisit l’un après l’autre dans sa main et fait sur place quelques pirouettes, en mordillant sa langue qui frétille. À droite ! À gauche ! Là.
Un rayon lui taquine les cils, une bouffée d’air âcre et tiède vient lui froncer les narines, le fifre pointu d’un moustique claironne à son oreille, et, à travers ses paupières, elle voit du rose et de l’or. Tout de même, elle reste inébranlable. Elle se prépare une surprise : quel orgueil de la différer, de mâter son envie, de déguster sa force d’âme !
Mais :
— Si pourtant il y avait quelque chose de changé ?
Du coup, ses yeux s’ouvrent tout grands, et sa bouche, et ses bras aussi, qui se referment ensuite lentement sur sa poitrine comme si elle voulait étreindre le cher paysage.
— Mon île…, murmure-t-elle.
L’île Aulivain est là, tout entière étendue à ses pieds. Ainsi posée, petite et sombre sur la mer immobile, on dirait une mouche dans une assiette bleue ; et