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criquet

— Peut-être, fit Camille. Mais moi, je n’y tiens pas beaucoup ; je n’aime pas la danse…

— Comment ferez-vous dans les matinées et plus tard au bal ?

— Je n’irai pas, ou je regarderai les autres.

— Comme vous êtes drôle !

Et la fillette s’éloigna avec un signe de tête protecteur.

« C’est une dinde, pensait Camille, vexée, elle se laissait toujours prendre aux barres, et au catéchisme elle avait une petite voix pointue de souris qui a peur. »

Tandis qu’elle revenait lentement vers miss Winnie, elle vit de loin un autre de ses camarades, un garçon. Cette fois, elle n’alla pas au-devant de lui et attendit.

Qu’il était changé, lui aussi ! Plus de béret, de col blanc, de culottes courtes : un pantalon d’homme, un chapeau melon, une fleur à la boutonnière et à la main une canne à pomme d’argent qu’il balançait d’un air désinvolte. Il s’avançait en chantonnant dans l’allée étroite quand tout à coup il reconnut Criquet. Il s’arrêta net, devint cramoisi, ricana niaisement puis fit demi-tour. Et elle le vit disparaître dans l’avenue aux voitures, ricanant toujours, les yeux obstinément fixés sur les arbres de la pelouse opposée, ses larges oreilles écarlates. Criquet alors se mit à rougir aussi, sans savoir pourquoi, les mains tombantes, crispées sur sa toupie.