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criquet

grande main pale, et s’efforçant de prendre un ton sévère :

— Eh bien ! Et cette version, mademoiselle Camille ?

C’est au tour de Criquet de rougir. Elle croise et tord ses doigts qui craquent dans le silence :

— Elle n’est pas finie, monsieur… Pas tout à fait.

— Comment, mademoiselle ? Déjà la semaine dernière…

— Je sais, je sais bien… Mais c’est que, voyez-vous, monsieur Poiret (d’un ton pathétique), je suis malade, bien malade !

La voix de M. Poiret s’afflige :

— Vraiment, mademoiselle ? Que c’est regrettable ! Et de quoi souffrez-vous, si je puis me permettre ?…

— Oh ! d’une maladie secrète, je crois.

— Comment ?

La voix de M. Poiret exprime la stupéfaction, l’épouvante, son œil jaune s’arrondit encore.

— Mais oui, développe tranquillement Criquet, il faut bien que ce soit quelque chose comme ça, puisque j’ai du mal et que ni le docteur ni miss Winnie ne veulent m’en dire le nom…

— Ah ! bon, bon, fait M. Poiret.

Son visage s’est rasséréné.

— Peut-être, ajoute-t-il, êtes-vous surtout atteinte de la maladie dénommée paresse.

Et maintenant M. Poiret rit. Est-ce de son bon