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criquet

viens vite, vite ! On m’a tuée… Un homme, cette nuit… Viens !

Suzanne, dans la pièce voisine, la regarde, effarée d’abord, puis le visage soudain rassuré, s’avance vers elle, l’embrasse.

— Petite sotte, comme tu m’as fait peur ! Ce n’est rien, je te dis, rien du tout… Ne pleure plus.

Elle lui murmure quelques phrases à l’oreille, en lui caressant les cheveux.

Louise entre, et, avec un sourire entendu, abaisse ses paupières sur des regards sournois.

Alors, tout à coup, Criquet voulut se cacher sous le lit, entrer dans le parquet, s’enfuir au bout du monde. Mais elle était si faible que, serrée sur le couvre-pied en un petit tas peureux, elle eut tout juste la force de fermer les yeux pour ne pas voir. Oh ! être sourde, aveugle, ne plus penser !

On l’avait prise, maniée comme un bébé aux membres mous, on l’avait couchée dans un lit tout blanc :

— Regarde-moi donc, vilaine, disait Suzanne. Pourquoi m’en veux-tu ?

Mais Criquet, en réponse, enfonçait son visage dans l’oreiller, et Suzanne finit par disparaître.


« Qu’ai-je fait toute la matinée ? se demandait Criquet quelques heures plus tard. J’étais si lasse qu’il me semblait avoir reçu un coup sur la tête, comme