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criquet

prunelles durcies, elle secouait la tête et paraissait remuer des souvenirs cuisants.

— Et les garçons ? reprit Camille à voix plus basse. Est-ce que…

Elle hésitait…

Un éclair de gaieté traversa le visage de Louise, mais elle restait assombrie :

— Non, non, mademoiselle les garçons n’ont rien, pas plus que les hommes… Tous les ennuis sont pour les femmes… Ah ! ils peuvent se vanter d’avoir tiré le bon numéro, les…

Criquet crut entendre un vilain mot. Louise qui pliait le mouchoir le tendit avec tant de violence qu’il craqua.

Le feu flûtait sa chanson aigre et moqueuse. Une auto traversa la rue avec fracas, lançant trois longues notes mélancoliques.

— Enfin, conclut Criquet avec un grand soupir, heureusement que c’est fini !

— Quoi donc, mademoiselle ?

— Je serai bientôt guérie et je ne penserai plus à tout ça.

Louise la regardait avec ahurissement.

— Guérie ? On n’a donc pas prévenu mademoiselle ?

— Comment ? Ce n’est pas fini ?

On frappait à la porte de la chambre voisine. La femme de chambre se leva pour aller ouvrir.

Camille, restée seule, eut un instant de déses-