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criquet

violemment ses bras, frappa son cousin sur le nez, sur la bouche, lui saisit les cheveux, les tira à pleines mains.

— Va-t’en, criait-elle en sanglotant, va-t’en ! Je ne veux plus te voir ! Tu es bête, tu es méchant. Je te déteste !

Il la prit aux poignets, les yeux noirs de colère, mais la voyant prête à appeler, songeant en outre qu’on lui avait défendu d’entrer, il la lâcha, se bornant à grogner :

— Chatte en colère, fille ! C’est traître, les filles, ça griffe !

Il lui tourna le dos et bientôt la porte se refermait. Mais de l’autre côté on entendait maintenant un bruit de murmures et de rires.

Suzanne peut-être ? Non. Suzanne était sortie. C’était Louise qui parlait à Michel, en le couvant de ses regards effrontés. Si elle allait lui dire ?… Criquet sentit une vague de feu rouge l’envahir tout entière.

Assise sur son lit, une main sur son front douloureux, l’autre sur son cœur agité, elle songeait à Michel, qu’elle avait perdu, qu’elle ne retrouverait point et qui s’en allait dans l’air frais et vivant de la rue, vigoureux, content, vulgaire, haïssable.

Elle entrevit le café aux lumières crues, les verres levés, les visages violents avec leurs yeux allumés, leurs bouches ouvertes et noires. Un frisson la secoua ;