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criquet

je m’ennuie, je m’ennuie !… Tiens, l’autre jour, on s’était réunis entre camarades à la Source ; c’était à qui boirait le plus de bocks dans le temps le plus court : pendant que l’un avale, les autres chantent…

— Je sais, interrompit Criquet, tu m’as déjà raconté…

— L’an dernier cela m’aurait amusé. Eh bien ! Tout d’un coup je les ai trouvés idiots à pleurer, les camarades ! Et j’ai été pris d’une tristesse à se faire sauter la cervelle… Il me manquait quelque chose, je ne savais pas trop quoi… toi, sans doute, puisque je ne me sens plus le même depuis que je t’ai revue.

— Tu crois ? demanda Criquet, avec un sourire. Tu ne m’as pas dit que je te manquais, dans l’unique lettre que j’ai reçue de toi… Et nous avons su par tante Éléonore qu’il y avait à Biarritz, cet été, de gentilles Américaines avec lesquelles tu ne semblais pas t’ennuyer.

Michel rougit :

— Ce n’est pas la même chose, fit-il.

Assise sur ses talons, elle le considérait avec une douceur ironique. Il paraissait très grand, vu d’en bas ; ses épaules s’étaient élargies, son veston à la mode lui cambrait la taille, sa légère moustache brillait, comme vernie de noir, sur ses joues bien rasées. Elle le trouvait très embelli, mais elle ne lui en dit rien :