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criquet

Rotonde du parc, et, la main sur sa poitrine, vit défiler un instant les autos qui, pareilles à des bêtes poussives aux gros yeux éblouissants, sortaient de la brume et roulaient lentement, en grognant et en soufflant, devant deux agents immobiles. On y voyait des dames roses comme des poupées, les cheveux exubérants et ondulés, qui allaient dîner en ville. Mais une vieille personne, marchant à pas menus sous une mante de cachemire noir, se posait alors devant Criquet, la regardait un instant, chignant des yeux, fronçant le nez, et lui disait :

— Pourriez-vous m’indiquer l’avenue Velasquez, mon ami ?

— Mais oui, madame ! C’est de l’autre côté du parc, à droite.

— Ah ! dit la vieille, c’est que je n’oserai jamais traverser, avec toutes ces grosses machines.

— Voulez-vous prendre mon bras, madame ? offrit Criquet d’un air aimable.

Arrondissant le coude, elle se pencha galamment vers la vieille dame qui s’y accrocha.

Quand elles furent sur l’autre trottoir :

— C’est une bonne fortune à mon âge, fit celle-ci d’une voix gracieuse et chevrotante, de rencontrer un jeune homme aussi bien élevé.

Et, avec une petite révérence, elle s’en alla trottinant le long des pelouses. Criquet, ravie de l’aventure, se carra dans sa pèlerine, fourra ses deux mains dans ses