Page:Viollis - Criquet, 1913.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
criquet

grosse voix à la fois criarde et mielleuse) : « N’oublie pas, mon bon Michel, que lorsqu’on s’est fait refuser au baccalauréat, on n’a pas le droit de jouir de ses vacances comme si on avait réussi ! »

Un instant après, étendue non loin de Michel dans une étroite niche d’herbe épineuse, Camille, lasse et contente, rêve vaguement. Comme on est bien dans cette fraîcheur ! Et que c’est agréable d’étirer ses pauvres os ! Quand on bouge, les fleurs de bruyère font un petit bruit de grelots secs… Qu’est-ce que cela sent, ici ? La vanille chaude ; oui, la crème blonde, qui fume… l’odeur des genêts, pardi !… On en mangerait bien, de la crème, il fait faim ! Heureusement, le goûter ne tardera pas : le soleil tombera ensuite là-bas, au fond, dans du rouge… Oh ! que le ciel paraît haut, quand on est couché, et large, et pâle ! Les hirondelles ont de la chance d’avoir tant de place… Aussi, comme elles s’en donnent, comme elles crient ! Là-haut, point de crevasses noires et pointues où l’on se démolit la jambe… Elle cuit encore, cette écorchure… Est-ce bête, mon Dieu, de ne plus savoir sauter ! Tiens ! un papillon. Tu es en retard, mon vieux, tu ne retrouveras plus ta maison quand il fera noir… Où ça couche-t-il donc, les papillons ? Allons, bon ! Il tremblote au-dessus de moi, maintenant… Ce n’est pas un coquelicot, imbécile, c’est un béret ! Le voilà sur un genêt qui se penche vers lui, comme pour saluer. C’est drôle, ils