Aller au contenu

Page:Viollis - Le secret de la reine Christine, 1944.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
98
LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

— Aussi n’est-ce pas à ce genre de chasse que je vous ai conviés, intervint la reine. Nous n’aurons ni rabatteurs, ni chiens, ni filets. Tout se passera à la vieille mode des chefs Scandinaves. J’ai là-bas, sur une colline escarpée, à huit lieues à travers la forêt, un vieil ami, le danneman Larsson, propriétaire de grands domaines, un paysan libre et fier, qui, membre de la Diète, m’a adoptée dans son cœur, soulevée dans ses bras et posée sur le trône quand j’avais six ans, après la mort de mon père. Il m’aime bien. Nous allons déjeuner chez lui. Il nous guidera ensuite vers la tanière qu’il a récemment découverte et ce sera en combat loyal, en duel chevaleresque, c’est-à-dire à armes égales, que l’un de nous se mesurera avec Sa Majesté fourrée.

— Pas vous, Christine ? s’écria quelqu’un.

— Non. Il paraît, hélas ! que cela m’est interdit de par la Constitution… D’ailleurs, mieux vaut un homme…

— Alors, moi ? lança Magnus.

— Non, moi, sacrédié ! gronda Charles-Gustave de sa voix de tambour. J’ai tué assez d’Allemands pour ne pas craindre un malin, comme on appelle ici les ours.

Quant à Erick, il se tut prudemment.

— Ne vous querellez pas, Messieurs, cria la reine de son traîneau qui avait pris de l’avance. Le sort décidera entre vous… Mais voilà le soleil, ou plutôt les soleils. Regardez l’étrange, le magnifique phénomène !

Cinq soleils, en effet, venaient de naître au-dessus de l’horizon celui du centre, le plus éclatant, était accompagné au-dessus et au-dessous, de quatre satellites aux rayons moins ardents mais nimbés d’auréoles irisées à la manière des arcs-en-ciel. Spectacle d’une beauté inouïe que les chasseurs contemplèrent un instant.

Christine en profita pour quitter le traîneau et sauter sur son cheval.

— Vous qui connaissez le soleil de France et d’Italie, que pensez-vous du nôtre ? demanda-t-elle à Magnus en rapprochant son cheval du sien.