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Page:Viollis - Le secret de la reine Christine, 1944.djvu/113

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LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

Le ton peu à peu s’adoucissait. Magnus releva la tête :

— Cette indulgence, hélas ! me sera fatale, dit-il avec émotion.

— Que voulez-vous dire ?

— Votre pardon ne peut qu’accroître mon… affection.

— Mais je ne me plains pas de votre affection.

— Alors pourquoi tout à l’heure ce courroux qui m’a désespéré ?

— Un attachement n’est-il point possible sans de pareils transports ? Reine, je tiens à être aimée, mais encore et surtout à être respectée.

— Mon respect, Madame…

— Comte, j’ai, vous le savez, du plaisir à vous voir, à vous écouter. Je connais votre zèle pour ma personne. Mais de grâce, modérez-vous !

— Ma tendresse, je le crains, ne connaîtra plus de bornes si votre indulgence vient à l’appui de vos charmes, fit Magnus d’une voix caressante.

Il reprenait de l’assurance, se rapprochait de Christine. Ses belles prunelles bleues aux cils noirs se rechargeaient d’amour.

Christine, blottie dans ses coussins comme dans un refuge, suivait chacun de ses mouvements.

— Vous préféreriez donc me haïr ? fit-elle avec coquetterie.

— Vous haïr ? Dieu m’en préserve ! Mais si vous jugez qu’un exil de quelques mois, loin de vous…

— Loin de moi ? s’écria-t-elle avec vivacité. Vous ne m’êtes donc pas si attaché que vous vouliez le faire entendre ?

Et, après un silence, d’une voix oppressée, comme si chaque mot lui était arraché :

— Je le vois, c’est moi qui vous aime… Je suis forcée de l’avouer… Oui, je vous aime. Et vous voulez me quitter !

D’un bond, Magnus fut de nouveau aux pieds de la reine. Ses yeux étincelaient.

— Eh bien, de grâce, laissez-moi vous aimer, laissez-moi vous adorer !

Il avait repris la longue main douce et forte, il allait la porter à ses lèvres. Christine aussitôt se dégagea et le repoussa, mais