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Page:Viollis - Le secret de la reine Christine, 1944.djvu/78

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LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

— Que veux-tu, Ebba, fit Christine avec lassitude. La calomnie est le pain quotidien des reines. Nul n’a plus que moi mangé de ce pain amer et bu de ce fiel. Parce que mes allures étaient libres et franches, parce que je préférais les exercices du corps, la philosophie et les soins du royaume aux fades plaisirs du mariage, il fallait bien en conclure, n’est-ce pas, à la corruption de mes mœurs. Laissons cela, mon amie. Toi et moi savons à quoi nous en tenir… Revenons-en à l’heureux temps de ce portrait où j’étais enivrée par la vie, le pouvoir, et ne savais rien encore des reptiles qui grouillaient à mes pieds dans la vase. J’étais jeune, mon sang dansait dans mes veines…Je venais de trouver l’amitié. J’allais découvrir l’amour ! Oh ! ces semaines du lac Moelar !…