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Page:Virenque - L'enclos du rêve, 1904.djvu/137

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chansons aux bien-aimées


Les oiseaux sont partis, les sources sont taries,
Et les boutons sont morts aux pâles églantiers ;
La ronce et le chardon disputent les sentiers
Aux buissons effeuillés des bandes défleuries.
Les oiseaux sont partis, les sources sont taries.

Et ce jardin n’est plus qu’un vaste cimetière
Où tout dit le néant des choses d’ici-bas,
Où l’on heurte un débris de tombe à chaque pas.
L’orgueil, l’argent, l’amour sont fragile matière,
Leurs stèles ont rempli ce vaste cimetière.

Des marbres sinueux les splendeurs sont passées,
La Renommée au ciel a le profil tourné,
Mais sa trompette gît sur le gazon fané,
Et ses ailes sont lamentables et cassées.
Des marbres sinueux les splendeurs sont passées.

Marbres, qui vous rendra votre beauté première ?
L’auguste Liberté laisse choir le flambeau,
La Fortune a perdu la roue, et son bandeau
Se détache et s’effrite au bord de sa paupière.
Marbres, qui vous rendra votre beauté première ?