Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/26

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si tes vœux assidus n’obtiennent pas des pluies favorables, c’est vainement, hélas ! que tu contempleras chez ton voisin les trésors entassés de Cérès, et tu te verras réduit, pour apaiser ta faim, à secouer les chênes de la forêt.

Je dois parler maintenant des instruments nécessaires au robuste laboureur, et sans lesquels il ne peut ni ensemencer les terres ni faire lever le grain. C’est d’abord la charrue, faite du chêne le plus dur et armée d’un soc tranchant ; puis les chariots lents et tardifs de la déesse d’Éleusis, les madriers roulants, les herses, les pesants râteaux ; ensuite le modeste attirail des ouvrages d’osier ou d’écorce d’arbre inventés par Célée, et les claies tissues de branches d’arbousier, et le van mystérieux consacré à Bacchus, toutes choses dont il faut être pourvu longtemps à l’avance, si tu aspires à quelque gloire dans l’art divin de l’agriculture.

On choisit d’abord dans la forêt un jeune orme qu’on ploie à force de bras pour lui donner la forme et la courbure d’une charrue. On y adapte ensuite un timon, qui s’étend de huit pieds en avant ; enfin on l’arme d’un soc accompagné de deux orillons. On a d’avance coupé et le tilleul et le hêtre, bois légers et propres à faire, l’un, le joug, et l’autre le manche qui dirigera à ton gré l’arrière-train de