Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/42

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les épis brûlants. Laboure et sème tandis qu’un vêtement léger suffit à tes épaules : l’hiver engourdit les bras des laboureurs et les force au repos. C’est dans la saison froide qu’ils jouissent de ce qu’ils ont amassé pendant l’été, et qu’ils se convient les uns les autres à de gais repas. L’hiver leur inspire la joie, les invite au plaisir et chasse de leurs cœurs les soucis inquiets. Ainsi, quand les navires chargés de richesses arrivent enfin au port désiré, les joyeux matelots couronnent de fleurs leurs poupes triomphantes. Cependant l’hiver a ses travaux aussi : quand une neige épaisse couvre la terre et que les fleuves charrient des glaçons, c’est le temps de cueillir le gland dans les bois, les graines du laurier, et l’olive et le fruit ensanglanté du myrte : alors il faut tendre des pièges aux grues, des filets aux cerfs, suivre à la trace le lièvre aux longues oreilles, et frapper le daim léger en faisant tourner la fronde meurtrière des îles Baléares.

Dirai-je les tempêtes qu’amènent les constellations orageuses de l’automne ? et quels soins doivent occuper le laboureur quand les jours deviennent plus courts et les chaleurs moins vives, ou quand le printemps pluvieux s’avance, que les jaunes épis hérissent les