Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/56

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d’une nuit sereine. Lorsque la lune rassemble de nouveau ses feux renaissants, si tu vois les pointes de son croissant s’assombrir et se perdre dans l’épaisseur des nuages qu’elle embrasse, alors de grandes pluies menacent les laboureurs et les matelots. Mais si le pourpre rougit son front virginal, crains le vent : le pâle front de Phébé rougit toujours au souffle du vent. Si, parvenue à son quatrième jour (et ce présage est certain), elle promène dans le ciel une lumière pure, un arc rayonnant et nettement formé, ce jour-là et tous ceux qui le suivront, jusqu’à la fin du mois, seront exempts de vent et de pluie ; et les nautonniers, sauvés de la tempête, acquitteront sur le rivage les vœux qu’ils auront faits à Glaucus, à Panopée et à Mélicerte, fils d’Ino.

Le soleil, et lorsqu’il se lève et lorsqu’il se replonge au sein de l’onde, te donne aussi des présages, et les présages que donne le soleil ne sont jamais douteux, ni à son lever ni au retour des astres de la nuit. Si donc, au moment où il se lève, il montre son disque naissant semé de taches et à moitié caché derrière un nuage, crains la pluie : je vois déjà s’élever du côté des mers le Notus funeste à tes arbres, à tes moissons et à tes troupeaux. Lorsque le soleil, le matin, est enveloppé d’épais nuages d’où s’échappent çà et là ses rayons épars et brisés, ou que l’Aurore, en quittant la couche dorée de