Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 1.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vent. De même, Énéide, I, 154 : Omnis pelagi cecidit fragor. Églogue ix, v. 58 : Ventosi ceciderunt murmuris auræ. Il ne faut donc pas l’entendre dans le sens de tomber, s’abattre sur la terre.

Page 44 : 1. Veterem… ranæ cecinere querelam. Allusion à ces paysans insolents qui furent changés en grenouilles, pour avoir injurié Latone, lorsqu’elle implorait leur secours.

— 2. Et bibit ingens Arcus. Les anciens croyaient que l’arc-en ciel pompait les eaux de la mer. On trouve chez les poètes plusieurs allusions à ce préjugé. Dans une comédie de Plaute, quelqu’un, voyant boire une femme vieille et courbée, dit plaisamment :

Ecce autem bibit arcus : pluet, credo, hodie.

— 3. Asia… prata Caystri. Asia, était un lac dans la Lydie, entre les rives du Caïstre et le mont Tmolus. — Le Caïstre ou Caystre, aujourd’hui Kitchek-Meinder, c’est-à-dire Petit-Méandre, rivière de Lydie, qui se jette dans la mer Égée, près d’Éphèse. Cette rivière est souvent citée dans les poètes de l’antiquité. On voyait un grand nombre de cygnes sur ses bords.

Page 46 : 1. Nisus,… Scylla. Nisus, roi de Mégare, avait un cheveu couleur de pourpre, dont dépendait le sort de son royaume. Scylla, sa fille, éprise de Minos, qui assiégeait Mégare, lui coupa ce cheveu fatal. Nisus fut changé en épervier, et Scylla en alouette. Depuis ce temps-là, le père, pour se venger de sa fille, la poursuit sans cesse.

Page 54 : 1. Ille etiam exstincto miseratus Cæsare Romam, etc. Tous ces prodiges, qui précédèrent ou suivirent la mort de César, sont rapportés par différents auteurs, Pline, Appien, Suétone, Cicéron, Valère Maxime, Plutarque, etc. Le merveilleux du poëte est ici consacré par l’histoire. Qu’on juge, d’après cela, quelle foi on doit souvent ajouter aux récits des historiens grecs et romains.

Page 56 : 1. Romanas actes iterum videre Philippi. Ce passage a fort embarrassé les interprètes. L’opinion de Delille, qui a consacré plusieurs pages à l’explication de ce passage, est 1° qu’il y avait deux Philippes auprès desquelles deux batailles ont été livrées ; 2° que ces deux villes étaient dans la Macédoine, autrement nommée Émalhie ; 3° que ces deux villes étaient au pied du mont Hémus.

Page 58 : 1. Perjuria Trojæoe. Le roi Laomédon refusa leur salaire à Neptune et à Apollon qui avaient bâti les murs de Troie, d’où les Romains prétendaient tirer leur origine.

— 2. Hinc movet Euphrates, illinc Germania bellum. Ce passage semble avoir été écrit dans le temps qu’Auguste et Antoine rassemblaient leurs forces pour se disputer l’empire romain. On sait que cette guerre fut terminée par la défaite d’Antoine et de Cléopâtre, au promontoire d’Actium. Antoine tirait ses forces de la partie orientale de l’empire, que Virgile désigne ici par Euphrates : Auguste tirait les siennes de la partie septentrionale, et c’est ce qu'exprime Germania.