Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 2.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


est la meilleure : les vents, les frimas, et le robuste vigneron qui la remue sans cesse, lui donnent cette précieuse qualité.

Celui dont la prévoyance n’est jamais en défaut ne manque pas de choisir, pour y transplanter ses jeunes ceps et pour les y disposer en bon ordre, un sol de même nature que celui d’où il les a tirés, afin que ces plants ne s’aperçoivent pas qu’ils ont changé de mère. Quelquefois il porte l’attention jusqu’à marquer sur la jeune écorce des ceps le point même de l’horizon qu’ils regardaient, et il leur rend leur exposition première, présentant au midi le côté qui recevait les chaleurs de l’Auster, au nord celui qui supportait l’Aquilon : tant est grande l’influence des premières habitudes !

Examine, avant tout, s’il est préférable de planter ta vigne en plaine ou sur des coteaux. Si tu l’établis dans une grasse plaine, presse les rangs de tes ceps : Bacchus n’en répondra pas moins à tes vœux. Si tu choisis, au contraire, la pente d’un coteau ou d’un mont élevé, donne à tes ceps plus d’espace ; et que les intervalles laissés entre eux, coupés en ligne droite, y forment des allées parfaitement