Page:Virgile - Géorgiques, traduction Desportes, 1846, 2.djvu/40

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symétriques. Ainsi, dans les grandes guerres, une armée, déployant au loin la longue file de ses bataillons, montre à découvert dans la plaine ses lignes droites et parallèles, et fait ondoyer sur la vaste étendue l’airain étincelant de ses armes. L’horrible mêlée n’a pas encore confondu tous ces bras, mais déjà Mars, errant de l’un à l’autre camp, prélude à ses fureurs. Coupe ainsi ton terrain de sentiers uniformes, non pour repaître tes yeux d’une vaine symétrie, mais afin que le sol dispense dans une égale mesure à tes ceps les sucs nourriciers, et que leurs rameaux puissent s’étendre plus librement dans l’espace.

Peut-être demanderas-tu quelle doit être la profondeur des fosses : moi, je ne craindrais pas de confier ma vigne à de simples sillons. On enfonce plus profondément dans la terre les grands arbres, le chêne surtout, dont la tête s’élève autant vers les cieux que ses racines descendent vers le Tartare. Aussi, ni le souffle des vents, ni les torrents impétueux, ni les efforts de la tempête ne peuvent le déraciner ; il demeure inébranlable. Sa durée, qui triomphe des siècles, dépasse celle de plusieurs générations ; centre et robuste soutien de