Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/143

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tions, le soir de mon retour à la maison hospitalière de mon enfance. La nature se taisait, les vieux murs, les chambres vides dégageaient des fragrances inefficaces. J’étais encore mal préparé à cette docilité rayonnante, que réclame la terre pour manifester son enseignement de vie. C’était comme si l’on m’eut placé soudain devant un chef-d’œuvre. Je me doutais bien que de ce château émanait une foi consolante et une pleine certitude, mais je ne percevais encore que de ternes avertissements. Les choses m’accueillaient sans hostilité, mais je ne pouvais encore me dire leur ami.

Le souvenir de mes trois années d’exploration, au pays de l’intelligence pure et de la vérité dépouillée d’oasis faisait trop de bruit autour du sage murmure de mon jet d’eau. Je passais donc mes heures à me promener dans le parc, semblable à un morphinomane subitement privé de son poison, qui éprouve quelque trouble à rentrer dans la voie commune. Je me cramponnais à mon désœuvre-