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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/159

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haut sommet de la vie, alors qu’elle n’est qu’un cap enfoncé dans la mer. De toutes parts le réel nous submerge ; la nature ne nous a prêté la raison que pour nous permettre de mieux palper nos limites. C’est plutôt par la certitude de nos transports que nous nous élevons jusqu’à l’unité de la création. La vraie métaphysique ne se trouve pas dans les livres, mais en chacun de nous, je veux dire non pas tant dans notre esprit que dans nos cœurs.

S’il m’arrive de relire un de mes philosophes préférés, je m’adonne à cette lecture en toute sécurité. Il n’est point de phrase de Kant que je ne contrôle par un vers de poète, pas un vers que je ne pèse au poids de la nature.

En ce matin fleuri et parfumé j’ai conscience que mon être va plus loin que la pensée, jusqu’au vécu. Quand mon esprit se repose, mon âme apparaît. Je la sens là, au bord de mon corps, venue des profondeurs de ma vie, prête à s’élancer vers tout.