Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/168

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kilomètres qui séparent nos regards ! Dans cette corbeille, encore humide de rosée, et nouée au sommet d’un ruban blanc, comme on en devine au cou des agneaux de pastorales, j’avais déposé la clef de ma vie, ma joyeuse soumission. Je marchais sans hâte, sous l’ardeur étincelante de la bonne journée. Les paysans me saluaient au passage et riaient avec sobriété.

Je sentais bien que les champs, les vignes et là-haut les sapins, étaient accordés au diapason de mon âme, et que rien ne manquait de mesure. Je constatais avec plaisir l’harmonie de mes transports et que j’avais enfin atteint la certitude au bout de la simplicité. Aussi n’avez-vous nullement été étonnée de m’entendre vous offrir, avec ces fleurs, ce compliment :

— Mad, vous n’êtes pas de ces jeunes filles qu’on est obligé de corrompre pour les rendre un peu intelligentes. Vous portez en vous toute votre compréhension, et celle-ci est infinie ; voilà pourquoi je vous aime