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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/171

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votre grand-père parlât, comme un tabernacle qui s’ouvre. Il ne convenait pas que nous troublions la sérénité de nos êtres de paroles inutiles, mais il importait qu’il élevât la voix sur nos têtes, lui, le gardien des vertus de ce paysage complet, et qu’il nous excitât à fondre nos sentiments dans le même idéal.

Pour bien nous prouver que nous n’existions qu’en fonction de cet idéal incrusté dans notre vie par des siècles de discipline, votre aïeul me prit par le bras et, s’appuyant de l’autre main contre un platane, me dit lentement :

« Votre grand-père fut toujours mon meilleur ami ; pendant vingt ans nous parcourûmes ensemble la contrée, aidant les paysans de nos conseils, semant quelque bien sur notre passage. Lorsqu’il mourut, je regardai votre père comme mon fils ; ce dernier s’intéressait aux choses de la terre ; après son père et après moi il nourrissait un bel amour pour la nature et ses enseignements. Il a vécu