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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/34

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touche. Je le glissais avec précaution dans l’ouverture complaisante de ma mine, puis courais le long de ces ifs qui semblent toujours pousser la tête en bas jusqu’à la porte du jardin, gonflant mes joues et, la main haute, sonnant d’une trompette d’un sou. C’était pour avertir des promeneurs imaginaires d’avoir à se méfier et de passer au large, ainsi qu’ont accoutumé de procéder nos terrassiers lorsqu’ils font sauter un gros pan de muraille rebelle. Je revenais, haletant, constater la violence de la détonation… Je demeurais silencieux. Je ne simulais pas l’éclat d’un explosif. Je ne faisais pas poum avec la bouche. Mais mille millions de canons ! quel tonnerre ébranlait mes oreilles ! Comme j’entendais un coup formidable résonner dans ma cervelle ! J’étais obligé de m’accrocher au banc, de peur de choir, vous comprenez, à cause du déplacement d’air.

Ô ! ce bonheur frénétique de mon enfance hallucinée ! Pouvoir jouir en une minute de tout l’univers mouvant ! Plier le