Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/62

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m’accorder que cette plaine chatoyante n’est que le produit d’une inconsciente affirmation de mon moi, et qu’en vivant je projette cette houle de montagnes ? Non, car vous tempérez mon enthousiasme d’un sourire moqueur. Mais Fichte vous apprendra à vaincre votre timidité, lui qui commençait un cours par ces mots : « Aujourd’hui nous allons créer Dieu ». Mazeppa galoppe dans le steppe ; Ganymède s’élève dans les cieux et j’écoute encore Fichte me dire : « Rien n’existe qui ne soit un produit de l’imagination ». Voyez-vous une différence entre Schelley et Schelling ? Croyez-vous qu’Hegel soit plus vrai que le divin Mallarmé ? Ces vers sont-ils de Bergson :

De cette heure-ci, vers celle-là, il n’est
Il n’est qu’un pauvre instant — le seul ! — Le dernier né.
Peut-être, en fixant ma cécité
Sur la nuit qui vient ou le jour qui point,
(Tel d’une barque on voit venir la côte au loin)
Verrai-je venir l’Éternité…

« Vielé-Griffin ne signerait-il pas ces