Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/61

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gnée de son arome. Vous devinez là le doigt habile du hasard et l’aimable symbole qui se cache, à mon insu, dans le choix de cet asile chaste. Pour atteindre ma paix et communier sous les espèces de la nature et de l’univers humain, je dois traverser tous les espaces habités par mon enfance, revivre mes ancêtres, me faire une âme candide, semblable à celle des bambins qui suivaient le Fils de l’Homme dans les rues de Jérusalem. Je ne puis parvenir au seuil de ma pensée que purifié par la vision nécessaire d’un âge écoulé dans l’allégresse.

« La lecture d’un roman, en face de la vérité de ce spectacle lyrique, serait un trop impudent blasphème. Vous ne me verrez donc causer qu’avec des poètes et leurs frères, les philosophes.

« Le vulgaire qui ignore l’art de méditer un sentiment, ne comprendra jamais qu’on puisse s’élancer avec la même fougue sur un rythme métaphysique comme sur une strophe élégiaque. Vous-même oserez-vous