Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/88

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lent des quartiers. Avec la rue Soufflot qui la prolonge et la brusque intersection des deux tronçons du boulevard Saint-Michel, cette avenue bordée d’arbres, du haut de mon quatrième étage, m’apparaissait comme un géant crucifié dont la tête et les pieds reposeraient inertes, tandis que les bras, démesurément étendus, s’agiteraient encore avec frénésie pour griffer les ténèbres.

De l’Odéon au Panthéon vous marchez au milieu du silence. Une atmosphère de deuil enveloppe le péristyle, autour de quoi tant de lettrés faméliques ont promené leur détresse. Une ironique solitude pèse sur ces morts illustres que la patrie ne vénère d’aucune reconnaissance — d’ailleurs avec quelques raisons souvent. Seuls l’omnibus Panthéon-Courcelles et celui des Feuillantines, semblables à des hannetons malades issus de l’antre de l’Odéon, grimpent en geignant la pente grasse et se traînent le long du piteux bassin dressé à l’entrée de la rue de Médicis.

Mais les deux zones pacifiques sont brus-