Comme si, de la terre où dorment nos aïeux,
Avait fusé la voix du sang contagieux,
Et les mille conseils tournés en verticilles,
Qui firent se croiser l’éclat de vos faucilles.
D’autres glaneurs s’en revenaient désenchantés
Pour n’avoir point marché vers les affinités,
Ou pour avoir laissé s’envoler hors des aires
Les épis jaunissants et les herbes légères.
D’autres encore, aux bras chétifs, préféreront
Aux sons rustiques des pipeaux danser en rond,
Couronner de laurier les Faunes des fontaines,
S’attarder à goûter les nuances châtaines
De la fane automnale et la rouille des foins,
Que d’arracher la graine aux meules ; vous, du moins,
Passionnément courbés sous ce dôme de glaives,
Vous avez moissonné le chanvre de vos rêves.
Ce fut bien, c’était beau. Dès lors vous laisserez
Se diluer au bord des fleuves figurés
Le chanvre aimé pour qu’il embaume et qu’il rouisse.
Et lorsque vous aurez tressé la tige lisse,
Séparé les filets d’entre les bouts ligneux,
Tillé la barbe grasse et les cheveux teigneux,
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