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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/103

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Quand vous aurez fixé, de peur qu’il ne s’embrouille,
Le flocon de lin vierge au bois de la quenouille,
Animé le fuseau d’un souple vient et va,
Ce sera l’heure de tisser le canevas,
Et de nouer les fils d’une trame suivie,
Pour la tapisserie exquise de la vie.



C’est alors qu’alanguis à l’approche des soirs,
Et bercés par les doux tremblements d’encensoirs
De la lampe pendue au sommet de la voûte,
Sur le mur réflecteur qui fume et s’enveloute,
Vos mains, vos blanches mains, d’un geste plus viril,
Voulant éterniser un improbable Avril,
Assortiront sans bruit les laines préférées
Et l’opulente soie aux profondeurs moirées.
Vos bras jusqu’à présent noués, vos bras plus mûrs
Pour l’impossible élan vers l’aube des futurs,
D’eux-mêmes se tendront sur les corbeilles pleines
De bobines de soie et de cartons de laine,
Et pourront, esquissant mille et mille contours,
Dévider fil à fil l’écheveau de vos jours.



Sur le canevas plein et vierge de tout blâme,
Vous aurez dessiné la courbe de vos âmes.