Ses doigts faisaient vibrer l’âme d’une cithare ;
Son chant montait comme un encens.
Et le vaisseau du Rêve affranchi de l’amarre,
Comme si quelque amour fît palpiter ses flancs,
Répandait l’ivresse des sens.
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La seconde volait sur l’onde à grands coups d’ailes,
Sous l’ahan de trente rameurs
Penchés, ayant en main leurs avirons fidèles,
Et graves, soulevant de profondes rumeurs,
Au sein large des flots dormeurs.
Une femme était droite au banc du capitaine,
Forte, servant de nautonnier.
Qui regardait venir la frégate lointaine :
Un compas retenu dans sa main, prisonnier.
Mesurait l’arc du grand hunier.
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Et le double avenir qui s’avance en dérive
S’élargit et devient plus clair.
Le pilote croyant découvrir une rive
Fabuleuse, s’émeut et songe qui dans l’air
Prend ainsi des clartés de chair.
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