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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/119

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La mer a le frisson des volontés suprêmes,
Et sa lame chante avec bruit
Le trajet solennel des deux jeunes emblèmes,
Dont la devise éclaire et la légende luit,
Cependant que baisse la nuit.


Le grand pavillon flotte et la voile est tendue
Par l’espérance du Matin,
Et d’étranges lueurs glissent sur l’étendue,
Qui couronnent l’élan du flot le plus lointain
D’une auréole de satin.


La vigie a crié : Navire ! et les phalènes
Ont dissous leur ombre aux rubis
Du Levant radieux sur la mer. Mille haleines
Soufflent aux conques des Tritons et leurs brebis
Bondissent aux champs de tabis.


Navire ! ô très chaste effaçure et baptistère
Des amoureux de l’Idéal !
Navire ! ô niveleur des gouffres du mystère !
Fraternisez amé, fraternisez féal,
Sous un arc-en-ciel boréal.