Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/128

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Gédéon, tu voyais dix mille Israélites,
Enchaînés dans ta foi, vers le fleuve avancer,
Et trois cents seulement burent sans se baisser
Aux rivages de grès pétris de zoolithes ;

Mais la gloire illustra tes fidèles vélites.


Jésus de Nazareth, du haut des monts houleux,
Aux âmes des Hébreux avides de symboles
Tu semais le bon grain en douces paraboles,
Et tu les nourrissais d’un pain miraculeux ;

Mais ils n’ont point compris et tu mourus pour eux.


À travers les forêts odorantes des gommes,
Tu contemplais la mer où de pauvres pêcheurs
Traînaient dans leurs filets des frissons de blancheurs,
Sans penser au destin des futures Sodomes ;

Mais douze t’ont suivi pour être pêcheurs d’hommes.


Nous, malgré l’épaisseur fatale des remblais,
Puissions-nous être vus, pour éveiller chez d’autres
Un amour sommeillant et des âmes d’apôtres :
Deux seuls peut-être auront l’amour et l’âme, mais

Leur cœur sera sans tache, et ce seront des vrais.