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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/13

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atmosphère, est la condition même de son vol puissant[1]. Que penser d’un poisson qui déserterait son élément, s’imaginant nager plus rapide dans l’air !

L’essentiel est que nous plongions nos racines dans la nature, pour nous élancer droits vers l’Absolu. Plus les bulbes de la plante humaine s’irradient nombreuses dans le terreau généreux et divergent, plus la fleur de la pensée s’épanouit et baigne dans le soleil.

C’est pourquoi, assoiffé de réalités, l’homme, après de folles errances, revient toujours se désaltérer à la source du vrai.

Tout manifeste d’art porte inscrit sur son drapeau

  1. Je ne prêche nullement la relativité de la connaissance, comme on pourrait le penser. On le verra mieux tout à l’heure quand je parlerai de l’intuition. Je crois au contraire à la possibilité d’atteindre l’absolu en le concevant sur le modèle de notre âme, comme l’idéal de la parfaite intelligibilité. Seulement, pour l’atteindre, cet absolu, et communier avec tout le réel, il faut que mon âme ne soit pas « un empire dans un empire », mais « une partie dans un tout ». Il est nécessaire qu’elle coïncide en un point avec l’être universel, qu’elle soit une parcelle d’une réalité commune à tous. Nous ne pourrions, en effet, entrer en communication avec quoi que ce soit, si nous ne nous retrouvions pas en tout, au moins quant à notre essence. En somme, je ne fais que commenter la parole célèbre, qu’on « ne saurait sortir de la nature que par des moyens qui sont eux-mêmes de la nature ».