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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/132

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— Ils détachent la barque, et, sans fixer la rive,
Glissent silencieux sur le miroir des eaux ;
Et la lune qui tremble aux liquides vitraux,
Montre aux peuples noyés leurs ombres en dérive.


Ô soirs qu’on aime bien et qui pourtant font mal,
Ainsi qu’une sirène enivrante et mégère,
Ainsi qu’une chanson suave et mensongère !
Soirs de soleils ! soirs envolés ! Ô soir brumal !


— Ils plongent par instant, quand le sillon s’efface,
Leurs rames dans la vase où dorment nos beaux jours,
Et l’on voit sur les flots des épaves d’amours,
Ivres d’un lourd sommeil, monter à la surface.


Puis le temps fait passer dessus ses brunissoirs.
Les fantômes s’en vont rendormir leurs névroses,
Parfois sans revenir..... Ô paupières closes !
Rétrospectifs regards des soirs ! des soirs ! des soirs !…