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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/164

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Halliers tout crissotants, soupirs des boulingrins ;
Entendre par la nuit tiède germer un grain,
Craquer l’effort nouveau des racines qui poussent,
Être là pour noter leurs hans et leurs secousses,
Ouïr au bord des espaliers mûrir les fruits :
Tous ces sons ! Tous ces sons !… Entendre aussi la nuit,
La nuit balbutier de confuses paroles,
Dire des mots inachevés comme une folle,
Et cependant si beaux, si douloureux, si doux,
Qu’un instant l’enfant s’est réveillé.....



Qu’un instant l’enfant s’est réveillé..... Sentons-nous
Ces couples de parfums que la bise dérange,
Venus d’où ? De pays invus, parfums étranges
Que des arbres tordus d’agonie ont sué,
Que des roseaux, verdis de fièvre et ponctués,
Balancent dessus les nécropoles lacustres,
Parfums troublants des baobabs qu’un soleil lustre,
Opuntias, nopals, cactus exaspérés
De chaleur, quisputez de vos fruits couturés
Des empyèmes gras aux arômes revèches,
Ineffables senteurs des forêts de Campèche
Qui portez jusqu’au ciel votre bouquet de chair
À peine édulcoré au souffle de la mer.