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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/165

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Plus près de nous, suavités moins frénétiques
Des glycines et des nymphéas aquatiques,
Dont le cœur blanc énamouré surgit de l’eau,
Dans l’immobilité funèbre d’un flambeau ;
Pyrotechnique élan des œillets écarlates,
Dont les sachets d’odeurs dans la nuit chaude éclatent ;
Torrents de bleus, ruisseaux lilas, océans clairs,
Desquels évaporés l’âme cotonne l’air ;
Cœurs en boutons, virginités que le Temps fauche,
Voluptueux pistils, anthères en débauche,
Poussière des pollens que le vent fait sortir,
Ovaires fécondés, fruits en fleurs,
Ovaires fécondés, fruits en fleurs, Vous sentir !



Et ces émois secrets, ces gouttes de scrupules
Qui pleuvent sur l’esprit débile et l’acidulent,
Ces caresses des mains qui brisent les sarments
De nos vignes d’amour, et si négligemment
Que la grappe s’incline et s’émiette sans cause.
Et que le cep périt sans souffrir autre chose
Qu’un peu de sève en désespoir qui pleure au bout !
Ah ! ces sursauts intérieurs du cœur qui bout,
Tandis que s’accentue à peine davantage
La barre du sourcil, cette voix du visage !