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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/39

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comme de la source me paraîtraient couler naturellement les actions, les gestes, les paroles. Ce ne seraient plus là des accidents s’ajoutant à l’idée que je me faisais du personnage… Le personnage me serait donné tout d’un coup dans son intégralité… Description, histoire et analyse me laissent ici dans le relatif. Seule, la coïncidence avec la personne même me donnerait l’absolu »[1].

Qui ne voit que ces deux manières de philosopher peuvent enfermer aussi deux esthétiques correspondant à celle des parnassiens et à celle des symbolistes.

Par leurs tendances positivistes les parnassiens s’en tiennent à la simple description. Ils « tournent autour des choses » sans jamais y pénétrer, demeurent à l’extérieur et s’alanguissent dans le relatif.

Les symbolistes, au contraire, sont des organisateurs ; ils s’intériorisent dans l’objet, s’incorporent aux paysages perçus intérieurement. Par un violent effort ils ont voulu se placer au centre même du réel et, par une sorte de sympathie intellectuelle, communier avec la nature. Leur désir a été d’exprimer immédiatement l’inexprimable, si j’ose dire, de fondre leur âme avec la conscience universelle, afin

  1. Bergson. Introduction à la métaphysique. Revue de métaphysique et de morale. Janvier 1900.