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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/81

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D’un mot le symboliste peut résumer son dogme esthétique et la liturgie vivante de sa poésie intuitive : la sincérité.

À présent que j’ai formulé hâtivement, mais, je crois, sans omissions graves de principes, l’essence de doctrine philosophique du symbole poétique, me sera-t-il permis d’ajouter quelques mots sur l’esprit qui anima cet Essai et sur les vers qui suivent, afin de dissiper l’équivoque toujours fâcheuse.

Par mon Essai je ne prétends convaincre personne, à peine solliciter l’attention. Si je l’ai placé en tête de ce livre, c’est moins pour servir de commentaire à ma poésie, que pour me consoler de ce que je n’ai pu réaliser. Que cela soit bien entendu.

Souvent durant les longues soirées d’automne, alors que le grand silence des choses exalte l’esprit et l’incite au recueillement, après de délicieuses promenades solitaires à travers les bois endeuillés, au long des ruisseaux tout pleins de murmures limpides, ou sur les coteaux encore léchés par les derniers rayons d’un soleil en allé, — sous le regard ami de la lampe et entouré de la plus grande partie des œuvres poétiques contemporaines, mes fidèles conseillères, j’ai rêvé d’une esthétique assez puissante pour endiguer tous les courants impétueux de l’art moderne, assez généreuse pour accueillir toutes les