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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/91

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PREMIÈRE INVOCATION

Courbé sur le parvis de ton temple éternel,
Et n’osant prendre rang dans la nef où tes mages
Brûlent sur tes autels l’encens de leurs hommages,
Tel le publicain humble et sans amour charnel,
Je t’adore, ô ma muse, ô déesse des âges !


Ah ! je sais ! tu ne peux sauver tous tes enfants.
Pour l’élu que nourrit ta mamelle bénie,
Trente affamés sont morts d’une lente agonie ;
Mais que ma lèvre goûte à tes sucs échauffants,
Et dans mon cœur fondra la manne du génie.