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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/94

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Dans mon propre jardin planté de vanité
J’ai bêché les œillets de mon Moi solitaire,
Et pour mieux t’agréer leur parfum que j’enterre,
Je ne labourerai que pour l’humanité,
En chantant le refrain fraternel de la Terre.


Pardonne si parfois encor s’épanouit
Quelque myosotis dont j’aime l’ambiance,
C’est un discret regain de ma vieille croyance,
Mais j’ensevelirai ces restes dans ma nuit,
Et l’aube ne verra que l’arche d’alliance.


Oh ! je voudrais hâter cette communion
Entre le peuple brute et l’être humain qui pense ;
Adoucir l’hiatus de mésintelligence
Entre l’homme et la foule, et la réunion
Du luth et des pipeaux sera ma récompense.


Je voudrais, je voudrais détruire la cloison
De la galère étroite où chacun tient la rame ;
Au delà c’est la mer, et l’éternelle trame ;
C’est le symbole ami de l’arrière-saison ;
C’est la forêt antique et c’est le faon qui brame !…