Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/95

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Ô toute vierge ! ô très divine ! hélas ! hélas !
Je suis faible et tout seul pour cette œuvre suprême !
Mon fer n’abattra point le bois de la trirème ;
Mais je naviguerai, quand même, et le front las,
Vers ton Éden lointain, car je t’aime et je t’aime.


Du moins laisse-moi pur. Fais que ta vision
Aspire mon esprit comme un souffle delphique ;
Qu’à travers les parfums du concert séraphique
Ils montent vers ton limbe, ô douce Illusion,
Ces appels que je jette à la Nuit magnifique.


Et durant les vespers émus, lorsque rêvant
Aux là-bas bien aimés, j’écoute la romance
De l’agreste Infini qu’un zéphir ensemence,
Ne m’ôte pas l’erreur de croire que ce vent
M’apporte tes baisers moissonnés dans l’Immense.