Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/20

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par exemple, abandonnant de parti pris les errements anciens, de sortir de la routine et de recourir résolument à toutes les ressources que la science moderne met à la disposition de l’architecte, de l’ingénieur et du machiniste.

Que ne peut-on attendre, par exemple, d’une adaptation complète et raisonnée aux besoins de la mise en scène et de la machinerie théâtrale de l’électricité, aujourd’hui si peu utilisée pour de semblables usages, en dépit des progrès accomplis dans ses applications industrielles, que l’on ne trouve au

    au strict minimum, avoir vingt et un mètres de largeur, de mur à mur : elle en a dix-sept ! Sur un plateau si étroit, comment dresser des décorations pittoresques, comment loger les châssis de coulisses, comment masquer les « découvertes » autrement que par des portants aplatis contre le décor môme ? Comment varier la mise en scène, alors que chaque plan devra porter son châssis ? Comment aussi activer les changements, dans la bousculade de décors entrechoqués et de machinistes jetés les uns sur les autres ? Comment organiser des défilés ? Où mettre les chœurs ? La mise en scène de Carmen est un prodige. Connaissant la coulisse, où, le décor une fois posé, une seule personne à la fois peut circuler, je pensais, à mesure que les cigarières envahissaient la scène, à ces chapeaux magiques d’où un prestidigitateur fait sortir des flots de rubans, des lapins vivants et des lanternes allumées ».
    Et, si l’on passe avec M. Georges Bourdon de l’Opéra-Comique à la Comédie-Française refaite par M. Guadet à la suite de l’incendie du 8 mars 1900, l’on voit encore que d’analogues critiques sont à faire, au moins en ce qui concerne la scène et la machinerie, si bien que M. Bourdon, au cours d’un article sur La Nouvelle Comédie-Française publié également par la même Revue d’Art dramatique, écrit en toutes lettres : « La vérité est que rien n’a été changé à l’ancienne machinerie, sinon que l’on y a substitué le fer au bois. La scène de la Comédie-Française est construite comme on construit tous les théâtres — en France — depuis deux cent cinquante ans, comme étaient construits au xviie siècle les théâtres italiens, dont nous avons emprunté les procédés ».