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Page:Vitrac - Victor ou les Enfants au pouvoir, 1929.djvu/20

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VICTOR

Tu vas comprendre. Quoique je n’ai pas cassé l’œuf en question…

LILI

Oh !

VICTOR

… je pourrais m’en accuser. Je le ferais volontiers, mais on ne me croirait pas.

LILI

Quoi ?

VICTOR

On ne me croirait pas, parce que je n’ai jamais rien cassé de ma vie. Pas un piano, pas un biberon. Tandis que toi, tu as déjà à ton actif la pendule, la théière, la bouteille d’eau de noix, etc. Si je m’accuse, voilà mon père : Le cher enfant, il veut sauver Lili. Et ma mère : Victor, ce que tu fais là est très bien ; vous, Lili, je vous chasse. Parce qu’il y aura du monde, on ne t’insultera pas davantage. Que veux-tu, tu as cassé le vase, je n’y peux rien. Rien du tout. Car, puisque je ne puis pas être coupable, je ne peux pas l’avoir cassé.

LILI

Pourtant, il est cassé.

VICTOR

Oui, tu as eu tort. (Un temps.) Sans doute, je pourrais dire que c’est le cheval…

LILI

Le cheval ?

VICTOR

Oui, le fameux dada qui devait naître du gros coco. Si j’avais trois ans, je le dirais, mais j’en ai neuf, et je suis terriblement intelligent.

LILI

Ah ! si j’avais cassé le verre seulement…