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Page:Vitrac - Victor ou les Enfants au pouvoir, 1929.djvu/19

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le thermomètre du docteur Ribiore, j’y passais. Je n’ai plus aucune infirmité. J’ai la vue bonne et le jugement sûr, et je dois à ces dispositions de t’avoir vu commettre, sans motifs, un acte regrettable. La famille appréciera.

LILI, pleurnichant.

Tu n’as pas le droit de faire ça. Ce n’est pas bien. Si tu as un cœur, tu t’accuseras toi-même. C’est ainsi qu’agissent les petits garçons loyaux et francs.

VICTOR

Je ne suis pas un petit garçon et je ne m’accuserai pas parce que c’est toi qui a cassé le vieux pot.

LILI

Eh bien on va voir.

VICTOR

Tu me menaces ? Écoute, Lili, je vais casser l’autre.

LILI, en larmes.

Quel malheur ! Un petit garçon si doux, si sage ; qu’a-t-il vu ? qui peut-il fréquenter ?

VICTOR

Tu ne comprendrais pas. Tu ne comprendrais pas parce que tu es stupide, maladroite et vicieuse. Je n’invente rien. Dès que ma mère constatera les dégâts, elle t’en convaincra sans difficulté, et je suis sûr que tu seras encore assez lâche pour lui faire des excuses, comme si la moindre insulte ne valait pas mille fois plus que le gros coco du dada.

LILI

Il me demande d’insulter sa mère !

VICTOR

Mais, tu n’es pas sa fille, toi.

(La bonne fond en larmes.)
LILI

Je ne comprends plus. Je ne comprends rien.