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Page:Vitrac - Victor ou les Enfants au pouvoir, 1929.djvu/34

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ÉMILIE

Victor. Mais je ne l’ai jamais vu ainsi. Tu n’es pas bien, Victor ? Réponds. Veux-tu une goutte ? Tiens, une goutte d’eau de mélisse sur un morceau de sucre.

VICTOR, éclatant de rire.

Que se passe-t-il ? Vous parliez d’Antoine, n’est-ce pas ? Antoine doit venir. Vous l’avez dit, même s’il est malade. Voilà bien ma mère. Sitôt qu’elle entend parler maladie, elle voit tout le monde malade.

CHARLES

Trêve de plaisanterie. Je veux que tu m’expliques ce que tu viens de dire.

VICTOR

Mais, il n’y a rien à expliquer, mon petit papa. Je faisais le fou. Ce n’est pas le diable !

CHARLES

Non. Mais c’est un manque de tact à l’égard de Thérèse et tu lui dois des excuses.

ESTHER

Je lui défends de faire des excuses à maman.

TOUS

Hein ?

ESTHER

Oui, je le lui défends.

CHARLES

Et pourquoi, s’il vous plaît, mademoiselle ?

ESTHER

Je ne sais pas. Mais je ne veux pas qu’il lui fasse d’excuses. Moi, on ne m’a pas demandé d’en faire quand j’ai cassé la porcelaine.

THÉRÈSE

Eh bien, soit, il ne fera pas d’excuses. Vous voyez, elle n’est pas si méchante que cela, Esther. Mais, il nous dira ce que signifiait cet espèce de délire auquel personne, j’en suis sûre n’a rien compris.