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Page:Vitrac - Victor ou les Enfants au pouvoir, 1929.djvu/35

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VICTOR

Comment, vous ne l’avez pas deviné ?

TOUS

Ah ! non — Ma foi non ―― Qui l’aurait deviné ?

VICTOR

Eh bien, ces mots étaient purement et simplement les éléments en désordre de ma prochaine composition française.

(Un silence, puis ils partent tous d’un rire forcé.)
CHARLES

Ah, bougre de gosse ! Quel bonhomme, hein ? Que voulez-vous il faut bien lui passer quelque chose, il nous donne tant de satisfactions. Son professeur, que j’ai rencontré hier, me le répétait encore. Ce garçon, s’il ne lui arrive rien, il ira loin, croyez-moi, il ira très loin. Il est terriblement intelligent. Vous entendez, Thérèse, terriblement.

THÉRÈSE

J’entends bien, il est terrible !

(Antoine Magneau entre en coup de vent.)

Scène VII

LES MÊMES, ANTOINE MAGNEAU.
ANTOINE MAGNEAU

Bonsoir. Où est-il ? Ah, te voilà. Il grandit de jour en jour ; quel âge as-tu ? Neuf ans, et tu as un mètre quatre-vingt. Combien pèses-tu ? Tu ne te pèses jamais ? Tu as tort : qui souvent se porte, bien se connaît, qui bien se connaît, bien se pèse. Quel charmant enfant vous avez là, Charles. C’est tout le portrait de Galvani, oui, le dresseur de grenouilles. Ah, il faut bien rire un peu. Et vous, Émilie, toujours triste ? Quel ennui. Rien à faire en ce monde. Ah, vous cassez la vaisselle,